Un joyeux groupe cosmopolite
Première difficulté : l’inscription. Avoir une place est un privilège, arbitré par le sort : 400 demandes d’inscription, pour seulement 120 places. Le vivier est grand : tous les étudiants, personnels administratifs et enseignants-chercheurs, plus les alumni, des cinq universités. Cette année, les établissements sont équitablement représentés, ce qui donne un joyeux groupe cosmopolite : le Pyrénéen passé par l’Afrique du Sud travaillant aujourd’hui à Mulhouse, l’Italienne embauchée en Suisse et ancienne étudiante à Strasbourg, l’Alsacien épaulé par un Suisse pour réparer sa crevaison… Sans oublier nous, les deux Bretons de l’étape (qui retrouvons vite une compatriote, étudiante à l’IUT de Colmar !).
Les germanophones étant en nombre (KIT, Fribourg, Bâle), les consignes et signalements sont donnés en allemand, que ce soit lors des briefings ou sur le vélo - « Langsam » (ralentir), « Kurzer » (espace), « Weiter » (continuer), « Schienen » (rails)… Effrayant pour les allergiques à la langue de Goethe ? Finalement, quelques balbutiements d’allemand et un peu d’anglais suffisent, d’autant que certains membres de l’orga-team se prêtent au jeu de la traduction. Et, sur le vélo, les signes de la main sont universels…
Même si le nombre de kilomètres à avaler – entre 600 et 900 km au total, dont 170 pour la dernière étape ! – peuvent en décourager plus d’un, le Tour Eucor n’est pas une course. Pas d’échappée, de contre-attaque ni de classement. Six groupes de niveau sont proposés pour chacune des étapes, du plus facile au plus difficile : bleu clair, bleu foncé, rouge clair, rouge foncé, noir clair, noir foncé. À mesure que le niveau augmente, les vélos de ville et les baskets se raréfient au profit des montures plus légères et des chaussures automatiques... Mais attention, l’habit ne fait pas toujours le moine, et le porteur de chaussures de toile élimées aux pneus sous-gonflés n’est pas toujours le dernier dans la montée !
En fonction de son niveau réel ou supposé, on rejoint le groupe de son choix. S’opère alors un jeu subtil : il ne faut pas se surestimer (quelques défections pour cause de genou faiblard sont à déplorer)… et si on estime la tâche trop grande, il y a toujours le groupe bleu clair, où bonne humeur, soutien et encouragements indéfectibles sont de mise. En plus, on peut admirer les cigognes volant au-dessus des champs bordés de coquelicots ! Ensuite, chacun sa technique : il y a les fidèles, qui restent dans le même groupe du début à la fin, et les papillonneurs, qui les testent un peu tous.